Nefs & Niya

En avant-première, la chronique de l'excellent dernier album des Hoba Hoba Spirit : Nefs & Niya ! A noter que le reste de la discographie se retrouve sur Destination Rock.

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La sortie du nouvel album des Hoba Hoba Spirit les consacre-t-ils internationalement ? On pourrait se le demander, en effet. Car avec une production assurée par Justin Adams et enregistré en Angleterre, le cinquième opus du groupe, Nefs & Niya, est un pas en avant décisif pour les musiciens, et pourrait-on même dire, pour la musique marocaine en général. Mais la formation a-t-elle acquis la grosse tête pour autant ? Aucunement. Car à l'opposé d'un répertoire sans âme, soumis aux impératifs commerciaux, c'est tout simplement leur meilleur création depuis la magie des débuts. Et que dire de la volonté de la distribuer gratuitement par le biais d'internet, si ce n'est que la générosité n'a pas quitté les Hobas, et qu'ils sont restés les mêmes : authentiques jusqu'au bout !

Nefs & Niya offre toutefois une nouveau visage au groupe : un visage résolument rock ! Que ce soit à cause de l'ampleur de la tâche ou au fait d'être face à de grands musiciens, le groupe s'est surpassé comme jamais et délivre des compositions parfaitement maîtrisées, et extrêmement travaillées. On retrouve toujours les nombreuses influences chaabis et gnaouies, mais on est désormais loin de la touche artisanale qui transpirait sur les premiers opus. On découvre alors une maturité assumée, et les Hobas donnent à voir un potentiel qui ne démérite pas face aux plus grands groupes internationaux.

Les guitares sont acérées et les solos époustouflants (la montée qui suit le break à la fin des "Anesthésistes" est véritablement superbe) ; le mélange entre instruments traditionnels -bendir, guembri, qraqebs- et musique occidentale fonctionne à merveille. Le répertoire révèle une tension palpable, mais également un côté festif, qui évoque par moments la Mano Negra. A noter la présence d'une agréable et douce curiosité avec "The Debil" qui dévoile une facette peu explorée et intéressante, et qui permet de renforcer, en contrepoint, la rage de l'album. Citons également les géniaux samples electro de "Happy Hour" qui apportent une folie mécanique décisive.

Concernant le propos, le groupe conserve son œil lucide et amer. Il écorne toujours les défauts de la société marocaine, avec humour et ironie, mais s'attaque également aux clichés et impressions que l'on a tendance à attribuer au royaume chérifien. Le parallèle entre la rage de la musique et la fureur des textes semble évident, et la verve des textes de Reda Allali paraît inépuisable.

On se retrouve donc avec un excellent album au demeurant qui consacre un sentiment que l'on sentait poindre depuis l'album précédent : une orientation rock, voire hard rock sur certains morceaux, assumée et revendiquée. Nefs & Niya consacre donc le talent du groupe et semble s'imposer comme l'un des temps forts de la carrière -que l'on espère encore longue- des Hoba Hoba Spirit.