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8 novembre 2009

Casa Babylon

Aujourd'hui, avant-première. Vous pouvez lire en avant-première, la chronique du dernier album de la Mano Negra. Celle-ci va être publié sur mon autre site, Destination Rock, mais c'est vous qui avez la chance de la lire les premiers.


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L'album de la rupture. L'album de la transition. L'album du commencement ? Quoi qu'il en soit, Casa Babylon marque la fin d'une époque. Finie la Mano Negra telle qu'on la connaissait. Cette identitée punk rock au fort point d'attache parisien laisse sa place à une entitée polyglotte résolument orientée du côté des musiques du monde, aux forts accents reggae et latino. Se découvre ici un son qui s'épanouira quelques années plus tard sous l'égide du frontman, Manu Chao. Casa Babylon est au frontières entre Mano et Manu. On y retrouve les caractéristiques qui seront plus tard significatives de la carrière solo du chanteur. Citons par exemple les gimmicks radio qui parsèment tout l'album ou les voix empruntées à des programmes de télévisions, des films ou autres émissions radiophoniques. Est mis en place, par Manu Chao, un recyclage qui trouvera son apogée dans ses disques futurs. Cela frappe dès les premières secondes où nous sommes accueillis par un enregistrement non identifié, chose qui deviendra traditionnel par la suite. De même, Casa Babylon se clôt par une piste où jamais Manu ne donne de la voix, comme pour marquer l'importance que prendra cette facture dans l'avenir.

Sur le plan musical, c'est le reggae qui s'épanouit. La fureur punk et la tradition rock n'ont plus leur place ici. Le groupe se dirige vers une musique aux fortes inspirations latinos, marqué par le two-tone reggae et délivre, sur cet album, des compositions typées world music, mais toujours avec cette touche décalée propore à la Mano, incarnée par tous les détails évoqués plus haut. Cette direction musical, amorcée dès les opus précédents, est extrêmement bien maitrisée par les musiciens. Ainsi, "Machine Gun", la piste reggae par excellence est l'une des plus belles chansons de toute la discographie du groupe. On pourrait également citer "Sueño de Solentiname" ou "Santa Maradona"... Bref, vous l'aurez compris, malgré (ou grâce) à cette évolution Casa Babylon est d'une excellente facture et après la baisse de niveau, toute relative, de King of Bongo, la Mano Negra renoue avec les sommets.

Si la musique a changé, la verve, quant à elle, est toujours là. Les textes sont engagés, comme à l'habitude et le groupe développe des idées dans la continuité de qui a été proposé jusque là. Se mêlent alors références à l'armée Zapatiste, au lavage de cerveau par l'American Way of Life ou un sentiment pacifiste, assez sombre et désabusé. Des sujets plus légers côtoient également également ces préoccupations, avec des références au football ("Santa Maradona" est une géniale description du football des années 80/90) ou plus simplement à l'amour et aux femmes. En outre, attardons-nous sur "El Alakran", qui marque, me semble-t-il, cette évolution musicale dont nous avons parlé. On retrouve au sein de cette chanson de nombreuses références à la culture lation avec des extraits des classiques tels que "La Bamba" ou "Guantanamera". Citons également "Mama Perfecta" adaptée d'un chant traditionnel cubain. Plus que jamais, la Mano est proche d'une sensibilité « world » et s'éloigne de cette figure attaché aux mouvements underground parisien, qui apparaissant dans les premiers opus.

"This Is My World" occupe une place particulière dans l'évolution du groupe. Dernières chanson de Casa Babylon, elle clôt également la carrière de la Mano Negra. Totalement absente d'une apparition du chanteur, celle-ci est un fantastique et terrifiant patchwork d'une flopée d'extraits radiophoniques. Tous ont le point commun de commenter le début de la première guerre en Irak. Ceci, couplé au pacifisme du groupe, développe une tonalité pour le moins étrange et la musique, construite autour de la répétition d'un motif à volonté, développe un sentiment de perte de repère. La musique nous envahit, s'enroule autour de nous et nous oppresse. "This Is My World" est la piste qui permet, le mieux, de comprendre le groupe et ses intentions. Cette dernière se termine sur un point culminant, la tension à son comble, mais est désamorcée de la plus belle des manière avec un retournement véritablement propre au groupe que je vous laisserai découvrir dans les dernières secondes de la chanson.

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Commentaires
F
Cette dernière chanson ne fait que me procurer des frissons chaque fois que je l'entend, on a l'impression d'être pris dans une tornade et de ne pas pouvoir en sortir.<br /> Et bordel qu'est ce qu'ils disent à la fin de la chanson, je me le suis repassé des dizaines de fois, je comprend que "yaet enculé" ! Si juste tu pouvais me le dire, tu résoudrais un des grands mystères!
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