Je passe pas mal de temps dans les supermarchés. A me balader. C'est fou ce qu'on peut y trouver...

On se perd facilement dans un supermarché. C'est vrai, non ? On est cerné par les rayons qui grimpent jusqu'au plafond. Entouré par des tonnes de paquets de corn-flakes menaçant. Assailli par les pots de sauce pour les pâtes. Enseveli sous les filets de dindes qui vous regardent avec colère depuis leur barquette jaune. Non ? Bon, c'est moi qui délire alors. N'empêche que n'importe quelle grande surface peut donner le tournis.

En général, on est à la recherche d'un aliment précis. Et c'est là que le calvaire commence. On vient pour acheter des pâtes. Mettons. Il faut d'abord trouver le rayon. Et puis là, notre idée s'envole devant la multitude de produits proposés. Le nombre de marques. Le nombre de poids. Le nombre de format. Le temps de cuisson. La formule « blé complet ». La formule bio. Bref... C'est dur à trouver. On déambule au gré des rayons, on découvre des choses inattendues et finalement, on repart avec quelque chose dont on pas vraiment besoin dans l'immédiat.

C'est là tout le talent des équipes marketing qui consiste à appâter l'œil du client. Par un éclairage. Un emballage. Une couleur. Une photo. Ça peut être tout et n'importe quoi. Et pas forcément innovant. Souvent, on se base sur des habitudes pour acheter et une couleur qui rassure, qui évoque marche mieux qu'un emballage original et technologique. Parfois, ces « trucs » marketing sont un peu ridicule. Et quand on remarque les ficelles, ils ne fonctionnent plus du tout. Prenez par exemple les produits light. Une tendance bleu clair, des polices d'écriture arrondies, et des sonorités adoucies aux sous-entendus flous mais qui connotent. J'ai l'avantage, pour ma part, d'avoir baigné dans le milieu et d'être assez renseigné pour discerner le vrai du faux, et l'astuce de la réalité. Je suis en effet, un « fils de pub ».

Et oui, mes deux parents bossent dans la branche. Ce qui fait que depuis que je suis petit, j'assimile, écoute et retiens. J'ai également la particularité d'avoir été élevé dans un pays qui, à l'époque, n'était pas vraiment à la pointe concernant les produits branchés. J'ai donc grandis à l'écart, ce qui fait actuellement, en plus d'en connaître le fonctionnement, je suis insensible aux pubs. Car quand je regardais la télé française, à Casablanca, ce que je voyais n'avait aucun rapport matériel avec ce que je pouvais trouver dans les rayons. C'était bien gentil de me faire fantasmer sur les chocolats X ou Y, mais comme je n'ai jamais pu les acheter, au fur et à mesure s'est créé un décalage, une distanciation, qui fait qu'aujourd'hui, cela ne me fait ni chaud, ni froid. Le plus souvent. Car il m'arrive évidemment de craquer pour quelque chose grâce à une pub, mais c'est parce que je suis alors un client tout désigné, aux affinités affirmés.

Ouvrez donc l'œil au supermarché. Vous êtes un animal traqué et les pièges sont nombreux devant vous.

Les allées du supermarché

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