Petit coup de projecteur sur une œuvre que j'ai trouvé vraiment marquante, et qui plus est, qui se passe à Casa !

J'ai envie de vous présenter aujourd'hui un film. Ou plutôt un court métrage. Dans tous les cas, un énorme coup de cœur. Faites place, sous vos applaudissement, à Harash, réalisé par Ismaël El Iraki. Ce talentueux jeune réalisateur voulait au départ faire de ce film son projet de fin d'études, à la Femis. Mais celui-ci a été sélectionné dans une dizaine de festivals à travers le monde, et a fini par être récompensé du prix Attention Talent Fnac, récompensant les futurs espoirs du cinéma. Car il faut l'avouer, après avoir vu Harash, on ne peut pas douter une seconde du talent d'El Iraki. Ce dernier prix a permis par la suite de voir le court métrage édité en DVD, ce qui m'a donné la possibilité de mettre la main dessus.

Il faut préciser qu'il n'y avait peu de raison pour que Harash me déplaise : un court métrage drôle, corrosif, rythmé et trash, se déroulant dans les rues de Casa... Tous les ingrédients étaient réunis pour me plaire. Et au final, je suis carrément sous le charme ! En bref, ce film raconte les péripéties de deux amis d'enfance, Assad et Lwiyen, devant se débrouiller en magouillant par-ci par-là, dans l'univers impitoyable de Casablanca.

Et c'est à une oeuvre 100% marocaine que l'on a droit alors, comme le clame Bigg d'entrée de jeu (« marghba tal mout ! »), dont les thèmes sont tout simplement fondamentaux dans la compréhension de la société bidaouie et marocaine, et pour une fois pleinement exprimés. Ainsi, on peut avoir la surprise de voir aborder tant la question du sahara, que de l'islamisme, de la bourgeoisie dorée, des travers de la police, de la drogue, etc. Rien n'est épargné par le regard acerbe du réalisateur qui flingue à tout va, pour notre plus grand plaisir ! Celui-ci ose, tant sur le propos que sur le plan formel, proposant une vision crue réaliste de la ville, caractérisée par les artères pullulantes du Derb Ghallef et les rues étroites de la médina, où Anfa et les quartiers populaires se heurtent, provoquant les étincelles à l'origine de l'histoire. Car Harash c'est avant tout une histoire de potes, un buddy movie porté par des acteurs étincelants (Abderrahmane Oubihem, et surtout un Saïd Bey grandiose) et où les influences sont nombreuses -de Scorsese à Guy Ritchie, pour le côté gangsters populaires.

Harash, ou une œuvre quasi-unique dans le cinéma marocain actuel ? Bien sûr, la comparaison avec Casanegra de N. Lakhmari est évidente : une trame basée sur un duo, situant l'histoire dans la marginalité casablancaise, étant portée par une énergie violente, avec des caractéristiques bien éloignées des canons de la production moyenne... Mais là où le long métrage pèche par un excès confinant au boursouflage, le court métrage se révèle plus percutant, plus osé, possédant plus de verve. Mais sans doute cela est-ce dû au fait que le second n'est pas destiné à la distribution, ce qui donne à celui-ci un véritable statut à part.

Vous l'aurez compris, je vous engage à soutenir ce film, et même à acquérir le DVD qui est vendu pour vraiment pas cher. On y retrouve également un autre court métrage d'Ismaël El Iraki, Carcasse, primé quant à lui au Short Film Corner Festival de Cannes. Harash est donc à présenter autour de soi, et pour définitivement vous en convaincre, en voici la bande-annonce.

Harash

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