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6 avril 2011

Maybe some day you forget what it's like to be human and maybe then, it's ok (Eastwood, 5)

Dernière partie du dossier. Aujourd'hui, comment Clint Eastwood est devenu l'un des plus grand cinéastes du monde.


Clint Eastwood, le cinéaste de l'Americana, reconnu par la critique
Lors de la sortie de Gran Torino en 2008, Franck Kausch précise dans le numéro 577 de mars 2009 que le film est une nouvelle fois une « peinture de l'Amérique profonde, plus que jamais multicommunautaire, que le cinéaste peint avec une chaleur dignes des grands maitres de l'Americana, un Ford ou un Capra ». Cette comparaison avec ces grands réalisateurs montre à quel point Eastwood a su s'imposer dans le cinéma américain et mondial. En effet, après ses débuts difficiles d'acteur au grand écran comme nous avons pu le voir, l'artiste est devenu un des plus connus au monde, étant récompensé par la critique à de nombreuses reprises. Cette notoriété sert sensiblement la diffusion de son cinéma et renforce donc la dynamique d'américanisation.

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Eastwood est ainsi considéré comme un cinéaste classique en proposant des histoires se tenant à l'écart des genres dominant à Hollywood, privilégiant une certaine lenteur au montage épileptique, une intrigue épargnant le coup de théâtre bancal, et imposant un style épuré et intemporel (comme le révèle le réalisateur dans le numéro 530, Million Dollar Baby aurait pu se dérouler « dans les années 1940 ou 1950. […] L'époque n'est pas déterminée. C'est ainsi que je voyais cette histoire. Il n'y avait aucun thème contemporain »). Cet aspect est reconnu progressivement par la critique. Ainsi, Michel Cieutat considère dès le numéro 287 que Clint Eastwood est « un réalisateur compétent, classique, insuffisamment audacieux, mais qui […] parvient avec efficacité et sincérité à faire partager sa passion pour son art ».

Le réalisateur a gagné de nombreuses récompenses dans le domaine cinématographique mais est également décoré chevalier de la Légion d'honneur en 2007 par Jacques Chirac qui déclare que son cinéma permettait de « comprendre la complexité de l'Amérique, avec sa grandeur et avec ses fragilités », il est ensuite fait commandeur de la Légion d'honneur en 2009 par Nicolas Sarkozy. . Il a également reçu l'Ordre du Soleil Levant la même année au Japon, pour son film Lettres d'Iwo Jima. Ses récompenses à travers le monde et le fait que la critique encense régulièrement ses film font que son cinéma est un vecteur d'américanisation puissant, en dépit des frontières et des culture.

A travers l'étude de Positif entre 1966 et 2009, on se rend compte de cette importance croissante. Eastwood devient ainsi un objet d'analyse de plus en plus complet : il figure au départ dans de courtes critiques, puis dans de véritables articles. De longues études lui sont ensuite consacrés. Il est enfin l'objet de dossiers conséquents occupant un tiers des numéros. La multiplication des entretiens souligne ce phénomène. Chaque sortie de film voit le magazine consacrer sa ligne éditoriale à une revue complète du style et des thèmes du cinéma du réalisateur.

En étant progressivement consacré par le public, la critique puis par les instances culturelles de différents pays à travers le monde, le cinéma de Clint Eastwood se voit donc diffusé d'une manière considérable, ce qui sert le processus d'américanisation.

Conclusion
Par les thèmes abordés dans son cinéma, sa figure en tant qu'acteur ou réalisateur et l'étendue de sa renommée, Clint Eastwood mérite donc d'être abordé en tant que vecteur d'américanisation. Celle-ci est d'autant plus intéressante qu'elle présente une nuance quant au discours traditionnellement véhiculé par le cinéma américain : la défense de l'American Dream, l'apologie de l'American Way of Life. Avec Clint Eastwood, ces valeurs et codes sont démontées et réinterprétées. Le cinéaste met en scène des personnages aux vies structurées par ces derniers, sans pour autant les justifier. Il se contente de filmer de manière réaliste le quotidien d'une Amérique délaissée par le cinéma. Cette représentation réaliste peut toutefois être nuancée par l'attrait d'Eastwood pour le film de genre, son cinéma étant fortement influencé par le film noir. Sa première partie de carrière est ainsi fortement colorée par cet aspect, à travers les rôles ambigües de l'Homme sans nom ou de Harry Callahan, évoluant dans des univers violent. Ses projets de réalisateur sont également touché par ce pessimisme. Mais que ce soit à travers le film de genre, ou par la peinture réaliste, c'est toujours une certain image de l'Amérique qui est représentée.

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Néanmoins, ces dernières années, le réalisateur semble s'être quelque peu détaché de cette marque de fabrique pour élargir son point de vue à une plus grande universalité. Ainsi, à partir de Lettres d'Iwo Jima, puis avec Invictus (2009) et Au delà (2010), Clint Easwood filme le Japon, l'Afrique du sud, la Thaïlande, la France ou l'Angleterre, confirmant son statut d'artiste à la notoriété internationale, mais affirmant également une persona d'auteur de plus en plus attiré par le reste du monde.

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