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5 avril 2011

That's right, I'm just a fella now. I ain't no different from anyone else no more (Eastwood, 4)

Deuxième grand axe de notre dossier : après Eastwood acteur, Clint réalisateur.


Clint Eastwood consacré réalisateur à travers une vision de l'Americana historique
L'Americana, ou l'ensemble du folklore et la de la culture américaine, est un thème de prédilection pour Clint Eastwood qui signe en tant que réalisateur des films plus personnels, éloignés des critères commerciaux de réussite d'Hollywood. Des années 1990 à nos jours, il a revendiqué cette attachement à des figures bien peu exploités au cinéma, à travers des films comme Million Dollar Baby ou Gran Torino, avec une démarche historique absente à ses débuts. Ces projets plus intimes, à l'écart des demandes des studios lui apportent définitivement la reconnaissance critique et permettent à son cinéma de rejoindre les rangs des auteurs classiques.

Un cinéaste attaché à l'histoire des États-Unis
En tant que réalisateur, Eastwood s'attache à mettre en scène cette Amérique absente des écrans, avec un souci historique en décalage avec la fureur et l'eagération des débuts. Concernant les westerns, après quelques œuvres à la tonalité proche du western italien (L'Homme des Hautes Plaines ou Pale Rider, le cavalier solitaire), il prend une orientation radicalement différente avec Impitoyable (Unforgiven). Sorti en 1992, ce dernier apporte à Eastwood une véritable consécration, tant critique et publique, en remportant notamment les Oscars de Meilleur film et Meilleur réalisateur.

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« Impitoyable présent en effet la particularité paradoxale d'être un western [...] récapitulatif – s'y retrouvent nombre de thèmes et de motifs fréquemment explorés par le genre au cours des vingt-cinq ou trente dernière années[…]. Conscients de ce qu'un genre se définit avant tout par ses conventions, Eastwood et son scénariste énoncent celles-ci l'une après l'autre avant de les battre en brèche ».

Comme le souligne Jean-Pierre Coursodon dans le numéro 380 d'octobre 1992, le film se démarque par cette intention de revenir sur ce genre qui l'a fait connaître à ses débuts et de le réinterpréter. Avec cette perspective plus historique, Eastwood aborde la vengeance, la chasse à l'homme, la défaillance physique due à l'âge ou l'échec avec un œil différent. Le film est notamment une description des rapports sociaux au sein d'une petite ville de l'Ouest à la fin du XIXème siècle, peinture réaliste et historique, ce qui permet au cinéaste en réaction de parler de la société américaine contemporaine : « Le western est toujours un miroir. Aujourd'hui, notre société est devenue incroyablement permissive à l'égard de la violence […]. Nous acceptons la violence du moins tant qu'elle ne nous touche pas directement. Unforgiven parle de ça, et de l'effet de la violence sur celui qui la subit. » (Entretien avec Michael Henry)

Clint Eastwood le reconnaît dans un entretien du numéro 397 de mars 1994, le thème de l'Americana irrigue son cinéma : « J'ai toujours aimé évoquer l'Amérique profonde. Elle recèle tant d'histoires qui n'ont pas été contées ». Après avoir donné quelques unes des lettres de noblesse au film de genre, Eastwood s'en détache définitivement dans les années 2000. C'est le constat qu'effectue Michel Cieutat dans le numéro 436 de juin 1997 :

« Eastwood sut adapter son image de flic intègre, violent, individualiste, aux changements de perspective sociale de son pays. […] En effet, le policier eastwoodien s'est révélé progressivement de plus en plus vulnérable, affaiblissement de sa légendaire puissance »

Si il met en scène des histoires sombres, elle sont toujours inscrites dans cette perspective de mise en scène d'une Amérique profonde délaissée. Ainsi, Mystic River, « tragédie américaine », comme le reconnaît le réalisateur dans le numéro 512 d'octobre 2003, ou Million Dollar Baby donnent à voir des personnages baignant dans les valeurs de l'Amérique. Le discours n'est pas dogmatique, et représente les échecs de l'American Dream mais, ces personnages en sont les symboles. Clint Eastwood le relève notamment dans un entretien avec Michael Henry dans le numéro 530 d'avril 2005 :

« N'est-ce pas, comme Mystic River, une histoire très américaine ? Maggie accomplit son rêve, quoi qu'il en coûte, tandis que Frankie et Scrap poursuivent une seconde chance.
Oui, une rédemption. C'est ainsi que je l'ai ressenti. Leur univers est un morceau d'americana que personne ne connait, mais qui est là sous nos yeux, au cœur de Los Angeles ».

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C'est un projet que le réalisateur chérit, allant même jusqu'à se projeter au sein même de symbole de l'histoire récente des États-Unis pour mieux les démonter, comme avec Mémoires de nos pères qui raconte l'histoire derrière la célèbre photo représentant des soldats américains levant la bannière étoilée sur l'îlot d'Iwo Jima. Eastwood s'intéresse alors au « peuple de l'Amérique profonde, ceux qui ont donné leurs fils et ne les ont jamais revus » (Entretien avec Michael Henry dans le numéro 559 de novembre 2006). Comme il est souligné dans le numéro 552 de février 2007, « Eastwood est le cinéaste d'une seule chose, reconduite avec obsession à sa source, chaque fois interrogée en son nerf ultime, l'Amérique ». Son cinéma est donc un évident vecteur d'américanisation car il met en scène les valeurs et codes ressentis et exprimés par la population américaine. Même si ce n'est pas le discours du réalisateur, ces sentiments « américanisés » forment l'ossature de son cinéma.

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