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8 septembre 2010

Talking Timbuktu

On commence avec une petite chronique, également présente sur Destination Rock qui concerne simplement le meilleur album de tout les temps (avec Paris, Texas) : Talking Timbuktu par Ali Farka Touré.


Tombouctou, la ville fondée par les touaregs au XIIe siècle, Timbuku la cité mystérieuse. Elle a attiré les aventuriers du monde entier, faisant fantasmer l'occident pendant des siècle. La ville aux trois cent trente-trois saints aura tout de même attendu le XIXe siècle pour que le premier européen passe ses portes, et se fasse tuer quelques mois plus tard. Tombouctou aujourd'hui, c'est toujours une image, le reflet d'un passé fantasmé qu'on se plait à contempler à travers des photos énigmatiques : ces constructions en terre s'élevant haut au dessus des ruelles étroites sous un ciel bleu électrique. Dès les premières notes de Talking Timbuktu, notre corps est transporté malgré lui dans cet univers mi-fantasmé, mi-historique et si l'on ferme les yeux, on pourrait se croire en train de paresser au calme, à l'ombre d'un palmier, non loin de la cité malienne.

Talking Timbuktu, c'est aussi la rencontre -amicale cette fois ci- entre un malien et un américain. Entre le père du blues africain et son représentant désigné dans le reste du monde. Entre Ali Farka Touré, la légende vivante et Ry Cooder, l'interprète de l'intemporel Bande Originale de Paris, Texas. C'est à un véritable dialogue que l'on assiste alors : les deux artistes se répondent via leur musique. Ainsi tandis que les riffs blues et le chant du vieux malien résonnent, s'élancent les caractéristiques envolées à la slide guitare de l'américain pour soutenir le tout et y apporter une dimension onirique extrêmement efficace. L'histoire se lit à l'envers cette fois-ci et c'est le lointain cousin qui revient sur la terre des ses ancêtres pour renouer avec le berceau musical du genre, faisant connaissance avec les instruments originels et créant la jonction entre passé et présent, mythe et réalité.

Et si un seul défaut traverse l'album, il dépend peut-être de ce lien. En effet, Ali Farka Touré semble quelque peu délaisser l'authenticité de son blues, un répertoire brut et moderne, pour s'acoquiner avec Ry Cooder. Ce dialogue, où l’influence de l’occident se fait parfois prépondérante, nous pousse au cliché de la ville oubliée et mystérieuse, au mythe d’un mali flamboyant et étincelant où le temps s’est arrêté. Tout serait presque trop parfait, trop calibré : avec suffisamment d’éléments exotiques pour que l'on se sente perdu, égaré hors du temps tout en restant en terrain connu, dans un imaginaire qu’on a nous-mêmes façonné. Néanmoins, force est de constater que le résultat final est époustouflant et qu’on se plait à rêvasser de Tombouctou. C'est peut-être le prix à payer pour la perfection : considérer cette dernière comme un défaut en soi ?

Car ne vous y trompez pas, c'est d'un monument du patrimoine mondial de l'humanité auquel nous avons affaire. Rien n'a été jamais aussi beau que les premières notes de "Ai Du", que le riff principal de "Diaraby", que la torpeur envoutante de "Amandrai". La pureté du jeu du malien est une invitation à se perdre dans les méandres de la région de Tombouctou, à délaisser les marécages et ses villes, et à traverser le désert jusqu'à la cité de sables d'Araouane. Écouter Talking Timbuktu n'est donc pas un choix mais un devoir, une piste en terre battue vers le bonheur.

fark

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