Les yeux dans les bleus des yeux
Salut à toi ami internaute ! J'espère que tu as passé un bon week-end, nous voilà de retour pour une semaine de folie sur Un Billet par jour... Le métro est un lieu qui m'inspire. C'est une vrai mine de petits détails, semble-t-il insignifiants, mais qui méritent d'être étudiés. Après les musiciens, voici un petit texte sur les regards.
Le métro est véritablement le lieu de tous les regards. L'observation, souvent réciproque est l'essentiel de ce que font les gens dans leurs wagons. Réfléchissez. Si vous n'avez pas quelque chose à lire ou à faire, vous vous mettez alors à regarder devant vous. Et inévitablement, vous commencez à épier vos voisins. Traduction d'un ennui, d'une curiosité certaine ou alors sans faire exprès ? Nul ne peut le dire. Toujours est-il que chacun engendre un genre particulier de regard. Il y a ainsi différents types : furtif, en coin, massif et peu discret, vagues...
On n'est pas vraiment à l'aise dans le métro. C'est vrai, en général, quand on observe, on essaye de le faire discrètement. Ce sont tous ces regards furtifs, du bout des yeux, rapides... Quand on a le malheur de croiser un autre regard, on détourne immédiatement le notre, penaud, en direction des pieds. Ces regards en coin forment la plus grande partie des observations du métro. Mais il y a également des regards francs, qui cherchent le contact, voire l'affrontement. C'est ce que l'on appelle communément « la baston de regards », dont les Lascars ont livré un exemple hilarant. Il est dur d'y vaincre : il faut être doté d'une bonne dose de confiance en soi, voire de mauvaise foi et de courage. En général, on choisit un plus faible...
Il y a, plus rarement, les regards assumés, avec la tête qui suit, le cou qui se déhanche pour enfin apercevoir ce foutu décolleté. Autrement, c'est souvent à travers les vitres qu'on épie. Grâce aux reflets, on a l'impression que personne ne se doute de ce que vous matez. Mais il est bien facile de s'en douter. Pour cela, il suffit de regarder dans le même axe que vous, en direction de la vitre. Et quelle est donc la surprise quand la personne d'en face engage son regard, à travers la vitre, elle aussi. La baston de regards n'a pas souvent lieu dans les vitres. Elle perd en effet d'intensité. Quand on est le perdant, la coutume veut que l'on baisse les yeux et que l'on ne regarde plus son adversaire jusqu'à ce qu'un des deux descende. Ainsi, le regard bloqué sur les pieds est, quant à lui, un autre grand classique. Manque de confiance en soi, gueule de bois, réveil trop tôt ? Il répond à beaucoup d'explications.
Parfois, les regards se croisent sans que la personne ne soit proche. D'un wagon à un autre, voire jusqu'au quai, ceux-ci engagent à moins de responsabilités. La personne est moins proche, on peut alors fixer sans peur de représailles, surtout quand on sait que le wagon d'à côté va partir d'ici peu. Certains se découvrent des talents de dragueurs inespérés dans ces occasions là. D'autres en profitent pour faire des grimaces qu'ils n'auraient pas rêvés pouvoir faire en face à face. Pour certains, c'est la musique qui leur permet de mater sans reproches. Avec leur vacarme dans les oreilles, ils se considèrent comme à l'abri du monde extérieur et comme protégés, ils ne se gênent donc pas pour épier à volonté. Le froncement de sourcil de la blonde les ramène bien vite à la réalité, et c'est en direction de leur genoux que convergent alors leurs yeux.
Rarement, le regard entraine autre chose qu'un visage qui se détourne. Rarement, c'est un sourire qui vient poindre chez l'autre. Trop rarement, ces regards amènent à quelque chose. Mais parfois une alchimie se créée et une discussion peut s'engager. Attention, pour cela il convient de rester courtois. Les regards en coin fonctionnent, et peuvent céder la place à des œillades plus franches. Le regard franc est déconseillé dès le début. Toujours commencer par sourire pour amener l'autre à faire de même. Ensuite, ce n'est plus la seule vue qui agit, mais les cinq sens entrent en action.