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Un billet par jour ?
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17 novembre 2009

L'apocalypse, enfin ! part.3

Suite et fin de la saga d'Un billet par jour, le dossier Apocalypse Now ! J'espère qu'il vous a plu. Les deux premières parties sont disponibles ici et .


L’utilisation de la musique :
Que serait Apocalypse Now sans sa célèbre scène de l’attaque par des hélicoptères du village vietnamien sous la déferlante implacable qu’est la Chevauchée des Walkyries de Wagner. Une nouvelles fois dans le but de démontrer la perte d’esprit des soldats, dans ce cas du Lieutenant Kilgore, Coppola utilise la musique là où on ne l’attend pas. Ou du moins, là où ne l’attendait pas à l’époque. En effet, depuis, il est devenu courant d’utiliser une symphonie épique pour caractériser la montée au front d’un détachement. Ce passage est donc devenu mythique tant la musique donne un cachet particulier à cette séquence.



Cette scène n’est pas sans rappeler les westerns des années 30/40. D’ailleurs, le bataillon est mobilisé au son du clairon et se superpose peu à peu à l’image qu’on se fait d’une cavalerie. Pour le spectateur et bien évidemment le soldat, élevé par ces aventures au beau milieu des grands espaces, l’ennemi vietnamien n’est qu’un indien de plus. C’est ce sentiment qui se traduit par l’épique de la séquence, instauré par la musique. La folie est ainsi bel et bien là, tous se jetant tel des héros pour affronter ce que, pareil au spectateur semble-t-il, ils ont appris à détester depuis toujours.

Toujours dans le domaine de la folie, l’utilisation de la chanson des Doors : "The End "reste néanmoins la plus marquante. Cette dernière est présente lors de la scène d’introduction et de la fin du film. Long poème traitant du complexe d’œdipe (Mythe antique dans lequel un fils tue son père et épouse sa mère. Principal complexe de l’homme selon la psychanalyse),  son texte colle avec intensité à ce que l’on voit à l’image.

Tout d’abord lors de la scène d’introduction, tandis que nous voyons se faire bombarder une forêt surgissent les mots « this is the end » (ceci est la fin). Plutôt paradoxal pour commencer un film, le texte révèle en fait, dès les premières images, la vision du réalisateur : cette guerre emmène quiconque y participe aux tréfonds de la folie humaine, un point de non-retour pour l’être humain. A travers ce bombardement, allié à cette chanson, Coppola tente de transmettre l’idée que c’est la fin de l’humain tel qu’on l’a connu. Ici tout n’est que brutalité, rage, violence et folie.



Se superposant presque immédiatement, les yeux de Martin Sheen au son de « I’ll never look into your eyes » (je ne verrais plus jamais tes yeux) montre que la séquence a été montée en parallèle de la bande-son dans un but précis et qu’elle ne sert pas juste à accompagner les images en couvrant  un fond sonore. C’est de notre personnage dont il s’agit dans la chanson. Le complexe œdipien prend alors toute son importance lors de la scène finale : tandis qu’à l’écran, nous assistons à la mort de Marlon Brando, abattu par Martin Sheen ; le tout couplé par une association d’image à un rituel autochtone  (séquence tournée de manière documentaire et assemblée au film) où une vache se fait brutalement découper encore vivante ; la musique nous confirme la position de l'acteur développée tout au long de la remontée du fleuve. En s’identifiant au colonel Kurtz, Willard l’a remplacé peu à peu par ce qui pourrait ressembler à la figure du père, qu’il s’empresse d’abattre tandis que Jim Morrison martèle « father, I want to kill you ! » (Père, je veux te tuer). Le tempo s’augmente alors brusquement suivi dans cela par le montage alors que nous ne voyons pas ce que Willard réserve au colonel, mais plutôt la mort de la bête sous les coups des chamans, le tout sous un déluge sonore montant crescendo à l’instar de la tension palpable tout au long de la séquence.

Calme et hypnotisante au début du film, rythmée et agressive sur sa fin, "The End" colle aux sentiments de Martin Sheen : déboussolé, dans un état lamentable de détresse dans sa chambre d’hôtel puis transformé par ce voyage initiatique qui l’a conduit à la découverte de lui-même et qui l’a fait commettre ce que jamais il n’aurait pensé.


PS : j'aimerai adresser mes félicitations à un grand homme et fier ami dont c'est l'anniversaire aujourd'hui : Ilias Doubouis.

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Commentaires
G
Bel eposé, dans son intégralité. Bien qu'effectivement l'accompagnement pictural de tes propos donnent un petit plus à ce final.<br /> Tu m'as donné envie de revoir le film !
B
Avec les images pour accompagner, c'est excellent.
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