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12 novembre 2009

L'apocalypse, plus tard ! part.2

Suite du dossier sur Apocalypse Now. La première partie, est disponible ici.


La guerre : une folie humaine :
Tout au long du trajet, l’équipage du bateau de Willard traverse des territoires hostiles où les habitants ont perdu la raison. Coppola montre ainsi la relation entre le conflit et la folie humaine

Tout commence dans la chambre d’hôtel de Saigon du capitaine. Celui-ci, de retour du front, délire et en vient à se blesser lui-même. Dès les premières images du film, Coppola donne ainsi le ton. La musique est là pour introduire cette folie, mais visuellement le spectateur est touché également. On sent une touche de psychédélisme dans le traitement des errements du capitaine. Celui-ci, complètement abattu, en manque du front, fait des cauchemars, se mutile et attend désespérément qu’on le renvoie. Son souhait est bientôt exaucé : on lui confie cette mission suicide qu’il accepte avec empressement. Coppola montre ici le décalage entre les soldats qui reviennent du front et le reste de la population. Ils ont perdu leur part d’humanité et ne seront plus jamais comme avant.

Au cours de son périple, le capitaine et son équipage font la connaissance du Lieutenant Colonel Kilgore, autre figure essentiel de la déraison. Ce dernier, passionné de surf choisit ses attaques en fonction des spots qu’elles peuvent offrir. Totalement décalé, en constant marge, ce personnage est un nouveau pas franchis dans le domaine de la folie. Il n’a plus aucun sens des priorités ou de la gravité de la situation et ne pense qu’à son sport, quitte à mettre ses hommes en danger de mort. Sa folie est également visible dans la célèbre séquence de l’attaque des hélicoptères, où l’utilisation de la Chevauchée des Walkyries révèle la facette malade du personnage.

Sur le bateau, l’équipage, quant à lui, sombre peu à peu dans la déraison. On s’en aperçoit avec le jeune Lance qui tombe dans le piège de la drogue et qui suite à la prise d’un acide perd complètement la raison. Ce dernier, tel un légume, suit alors sans broncher, en compagnie d’un petit chiot qu’il a recueilli, formant ainsi un duo pour le moins détonnant dans cette jungle. Tout en s’enfonçant dans la jungle, l’équipage fait des rencontres étranges. Comme celle avec ces playmates perdues au fond des territoires vietnamiens, emmenées pour distraire les soldats et semble-t-il oubliée depuis. Sous une pluie battante, le bateau arrive ainsi près d’un camp militaire désert où l’autorité n’a plus lieu. Les soldats, tous fous, errent entre les tentes, ne répondant pas aux questions du capitaine, ce dernier ayant l’impression de marcher dans un cimetière.

Une des scènes ajoutées dans cette version « redux » est celle dite de la Plantation française. Le bateau, à travers la brume, accoste et se retrouve face à une bande d’irréductibles colons, farouchement attachés à leur terre en dépit de toute logique. S’en suit une scène de repas qui pose enfin toute les conditions pour comprendre cette guerre, une explication toutefois aux relents d’hystérie. Les mots remplacent les balles et les français se déchirent entre eux, oppressés par cette jungle environnante qui les mangent peu à peu. Le capitaine, qui, on pourrait le croire, avait résisté à ce parfum de folie depuis le début du film, est alors initié aux délices de l’opium et commence ainsi à sombrer aux côtés de tout ce monde.

Tout près du but, les hommes de Willard passe enfin par une dernière étape avant de retrouver Kurtz. Ce dernier pont avant la frontière cambodgienne marque alors la frontière vers la folie. Se rendant sur place, le capitaine tombe sur un paysage désolé, où les explosions retentissent sans fin. L’assaut continu des vietnamiens a contribué à rendre totalement fou les quelques hommes qui subsistent. Plus d’officier, les soldats sous l’emprise de la drogue, Willard fait face à un schéma terrifiant ; le tout magnifiquement rendu visuellement par les jeux de lumières et les ombres mouvantes.

Tout au long de la traversée, Willard se plonge dans des documents et  étudie ce qui fait qu’un tel homme d’exception comme Kurtz ait décidé de se retirer, quittant femme et enfants,  et de vivre une existence recluse au milieu des indigènes. Au début, déterminé à remplir à bien sa mission : éliminer l’homme, Willard devient peu à peu intrigué par sa personne. Cet état d’esprit prend alors toute son ampleur, lorsque le capitaine est capturé et emprisonné. Kurtz vient alors lui dispenser son savoir, lui transmettant ses valeurs. Le spectateur s’en rend tout à fait compte lors de la mort de « Chef », l’un des derniers membres de l’équipage et ami du capitaine. Ce dernier, fou de rage, se laisse alors lui aussi glisser lentement mais sûrement vers la folie. Devenu un familier de Kurtz, Willard est alors libre de ses mouvements, et projette enfin d’assassiner ce qui est devenu son mentor, prenant presque la place du père, ce qui aura un sens avec l’utilisation de la chanson des Doors, "The End". Willard assassine alors Kurtz, prenant sa place pour les indigènes, devenant lui aussi une sorte de demi-dieu. La boucle est ainsi bouclée et la guerre a atteint son objectif : la folie a atteint tout le monde.

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Commentaires
G
Belle approche de la progression de la folie au sein du voyage. On peut également le voir comme une quête initiatique, un passage obligé pour accéder au statut divin. Il devait, au fur et à mesure, perdre les différentes valeurs qu'il avait obtenu dans son monde de raison, jusqu'à perdre tous ses compagnons et commettre une sorte de fratricide (ce qui renvoie à nouveau à "The End").
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