De la pub
Vous m'excuserez, mais je vais faire un peu de pub, pour un site qui m'est cher. En effet, il se trouve que je bosse également pour un site de chronique musicale : Destination Rock. Je ne sais pas si vous êtes habitué au concept du webzine, mais en gros, mes collègues et moi chroniquons tout ce qui a un rapport au rock (de près ou de loin). Ainsi, vous pouvez retrouvez sur le site, articles et chroniques de disques, livres, DVDs, éditos, review de concerts...
Ce genre de site est actuellement en plein essor, vous en trouvez de nombreuses versions, plus ou moins spécialisées, plus ou moins littéraires. Notre intention à nous, chez Destination Rock, est celle de la qualité. Nous ne versons pas dans la chronique effrénée des disques récents le plus rapidement possible. Nous défendons des chroniques argumentées, littéraires et nous refusons les pressions des maisons de disques si celles-ci n'assurent pas de leur côté des conditions décentes pour chroniquer leurs groupes. C'est un autre débat que je développerai plus tard. Nous essayons également de rendre la lecture du site la plus agréable, grâce à un lecteur qui vous permet d'écouter en parallèle à la lecture le disque chroniqué.
Toujours est-il que nous avons, récemment, proposé une idée originale : pendant une semaine, tous les jours un genre différent, avec 12 chroniques appropriées, soit un total de 84 chroniques inédites en une semaine, brassant sept genres : Le tour du rock en 7 jours !
Je me permets ici de vous faire partager quelques une de mes chroniques. Si ça vous intéresse, la suite est sur le site !
Coldplay, le groupe de tous les superlatifs. Considéré par
certains comme la meilleure formation actuelle et par d'autres comme
les pires poseurs. Tout le monde possède un avis là-dessus. Et pour
tout vous dire, avant de vraiment me pencher sur ce dossier, je n'en
pensais pas des choses très sympathiques. Il faut se l'avouer, entendre
un single matraqué par les radios à longueur de journée, vous rend à
force totalement hermétique à celui-ci. Mais si le débat est tel à
propos de Coldplay, c'est qu'ils ont su provoquer l'intérêt à
une certaine époque. Après un premier album, Parachutes, à la facture
plus que correcte, qui a éveillé les esprits et qui a réussi à attirer
les radios, c'est de manière décisive avec A Rush of Blood to the Head que le groupe a su s'imposer dans les hautes sphères de la musique occidentale contemporaine.
Coldplay possède du talent, c'est évident, et évolue sur cet
album entre rock alternatif aux forts accents mélodiques et pop
maitrisée et atmosphérique. La recette amorcée sur Parachutes est ici
portée aux nues et le piano, instrument de prédilection de Chris
Martin, explose véritablement aux côtés des riffs électriques. Le duo
guitare/piano se suit, se répond, s'entremêle et constitue l'ossature
de A Rush of Blood to the Head. La batterie, qui était quelque
peu en retrait auparavant, s'exprime avec volonté et ouvre ainsi de
manière percutante, soutenant le propos des autres instruments. Grâce à
cette diversité, le groupe se permet d'évoluer entre plusieurs
tonalités. Tantôt la gravité prend le dessus et le piano se fait
impérial, la voix de Martin liant les musiciens, les portant,
constituant l'élément permettant de faire raisonner la musique du
groupe. Tantôt c'est une gaieté inouïe qui se dégage. Je pense ici à
"Clocks" qui me semble un des meilleurs remèdes connus contre la
morosité.
On ne peut pas dire que Coldplay refuse et
rejette l'aspect commercial qu'on lui reproche souvent. Mais il sait se
saisir de celui-ci -sans renier sa qualité, bien au contraire- pour
aller vers l'efficacité et produire des morceaux époustouflants de
virtuosité. Ainsi le choix des singles révèle bien un désir d'affirmer
la polyvalence du groupe. Tandis que "In My Place" se pose comme un
mélange des deux faces de la formation, puissance et douceur, "The
Scientist" insiste sur ses qualités mélodiques et "Clocks" permet de
rêver à ses côtés. Il y a une progression au sein de A Rush of Blood to the Head.
Celui-ci s'ouvre sur le fantasque "Politik" qui augure une production
frappante et sonore alors que le tempo se ralentit peu à peu, jusqu'à
l'explosion "Clocks" qui relance et fait bondir le coeur à nouveau,
poussé en cela par la joie qui vient vous battre les tempes. S'ensuit
alors une montée vers l'apothéose, marquée par la gravité, dont le
point culminant est la troublante "Green Eyes" qui s'impose comme une
des plus belles pièces du groupe. Entre deux tons, entre déclaration
d'amour et prise de conscience subite du réel, cette chanson est un des
bijoux de l'opus, et l'alchimie entre guitare et voix n'a rarement été
aussi réussie. Enfin, avec "Amsterdam", on touche du doigt la
quintessence de Coldplay. Piano, chant, mélodie : tout y est maitrisé et interprété à la perfection.
Coldplay s'installe ainsi lui-même, avec raison, sur le podium
des meilleurs groupes de rock de ces dernières années. Y restera-t-il
longtemps, c'est une autre histoire. Vous pourriez donc avoir un a
priori au vu des performances actuelles de la formation mais je ne
saurai que trop vous conseiller de vous pencher sur A Rush of Blood to the Head.
Darga revient en 2008 avec son second album, au terne d'une
longue et éprouvante tournée de toutes les scènes possibles du royaume,
voire même de quelques festivals internationaux. En effet, dès la
sortie du premier opus, en 2004, le groupe commence la gestation
certaines compositions et les expérimente face au public. On peut ainsi
noter que "Tchoumira" était déjà devenue un hymne avant la sortie de Stop Baraka.
Ce processus long et fastidieux opère donc un écrémage décisif au vu
des réactions de l'audience et permet de composer un album d'une rare
qualité. La recette, quant à elle, n'a pas changé : des sonorités
influencées tant par le Maghreb (surtout concernant l'utilisation
d'instruments traditionnels comme le guembri, les krakebs ou le
derbouka) que par l'Occident, personnifié ici par le reggae et le ska,
dont le rythme à deux temps traverse pratiquement toutes les
compositions. Le son Darga a murit, semble-t-il. Ce qui pouvait donner
une impression de brouillon sur le premier opus n'existe désormais
plus, notamment grâce à cette longue gestation qui fait que tout paraît
maitrisé. Cela n'induit toutefois pas le lecteur sur la voie d'une
musique à l'effet chirurgical et la formation laisse ainsi libre cours
à un certain grain de folie qui secoue les esprits et qui, par
ailleurs, devient une des caractéristiques fondamentales de l'identité
du Cactus.
D'une grande qualité, Stop Baraka
l'est certainement. Mais quand est-il de l'unité ? De par ses
nombreuses influences, le groupe propose en effet des chansons aux
aspects pour le moins différents. Ainsi, on retrouve les habituelles
pistes gnawas avec "Salam Aleikoum" et "Ach Tary" qui ouvrent et
ferment l'écoute comme pour marquer avec certitude les bornes que se
donnent les musiciens : un univers qui retourne de toute façon vers ce
qui semble le plus primitif, le plus pur, un univers marqué par ce fort
sentiment de transe qui traverse la mystique gnaouie. Cette sensation
se ressent également sur ce qui me paraît le moment fort de cet opus,
voire l'un des points culminant de toute la discographie de Darga
: "Africa". Véritable chef d'oeuvre où se mêle solo de saxophone, de
clavier, de guitare sur rythmique traditionnelle aux accents
sub-sahariens, la chanson pose un constat amer du continent et se
rapproche de ce qu'a pu faire un Amazigh Kateb au sein de sa propre
formation, en délivrant un message peu anodin sur l'africanité du
Maroc. Le reste est également de fort bonne facture, toutefois dans un
domaine plus festif mais toujours concerné, notamment au niveau des
textes, comme en témoigne "El Khattabi", faisan l'éloge de « l'Emir du
Rif » et de sa résistance ou "Rich'", s'attaquant aux inégalités
sociales de la société marocaine.
Stop Baraka marque donc un pas dans la carrière de Darga.
En proposant des oeuvres d'une qualité irréprochables, le groupe frappe
fort et durablement. Et l'on attend la suite avec impatience.
Accueilli par cette petite voix électronique et son petit beat
gentillet, on peut se demander sur quoi l'on vient de poser les
oreilles, mais bien vite les premières notes de "Hot Dog" sont là pour
rassurer et introduire de la manière la plus adéquate qui soit ce
groupe à part qu'est Limp Bizkit . Gros son lourd de guitare,
chant rapé par l'inimitable Fred Durst connu pour son bagout, et riff
destructeur : voilà la recette employée par le groupe de Jacksonville.
Chocolate Starfish And The Hot Dog Flavoured Water est un album
au titre tout d'abord très étrange, mais surtout le meilleur de la
discographie du Biscuit. En effet, jamais plus la formation ne réussira
à allier sonorités électronique, influences hip hop et éléments
métalliques. En témoigne le bon nombre de pistes devenues depuis des
classiques indétrônables ("My Generation", "Rollin'", "The One", Take A
Look Around" et j'en passe...). L'alchimie entre ces différents
composants est ici à son apogée et on s'immisce avec aisance au milieu
de cet univers si particulier. Englué au sein d'un mélange poisseux,
l'auditeur prend des coups de toutes parts. Que ce soit les cymbales
martelées, les riffs agressifs au possible ou les insanités du texte,
tout est fait pour défouler, voire molester.
Deux choix s'offre alors pour laisser la violence s'emparer de vous.
Soit c'est l'option métallique avec des déluges de notes comme sur
"Full Nelson" où les riffs de Wes Borland vont presque à recouvrir les
hurlements de Mr. Durst. Il n'y a plus qu'à pogoter comme un dératé. Ou
bien, il faut se saisir des instrus balancées à la tronche par DJ
Lethal et se laisser porter par le beat tandis que Dr. Fred envoie son
flow à n'en plus finir. Il faut alors voir du côté de "Rollin' (Air
Raid Vehicle)" et dans une moindre mesure de sa reprise, quelques
pistes plus loin, voire du duo avec XZibit ("Getcha Groove On"). Vous
l'aurez compris, l'élément significatif de cet album réside dans la
violence. Celle-ci n'a pas qu'une forme musicale, on la retrouve
également -et surtout- au niveau des textes. Ainsi, "Hot Dog"
détiendrait le record de « fuck » dans une chanson.
Pourtant, il serait éminemment réducteur d'assimiler CSATHDFW à ces deux aspects. Limp Bizkit
a du talent et sait se diversifier sans pour autant perdre en qualité.
On pourrait même arguer que le groupe n'est jamais aussi bon que
lorsque il ralentit le tempo et propose des chansons aux rencontres
entre la balade et le metal dépressif. Ainsi, "Boiler" et "Hold On"
forme un diptyque de choc où l'on sent un malaise palpable dans la voix
de Fred Durst tandis que les guitares semblent créer de grandes vagues
sombres où l'on irait se noyer. Tantôt violent, tantôt calme, mais
jamais stable, le style imposé par le groupe est difficile à définir,
et c'est pour cela qu'il mérite d'être découvert.
Avec cet opus, Limp Bizkit
maitrise son répertoire à la perfection et offre à l'auditeur le
meilleur aperçu de ses capacités. Ce dernier, se réveillant à l'issu
d'une dernière piste électro, renvoi évident à l'ouverture, désarçonné
par ce rire inhumain se répétant sans cesse, peut alors se demander
s'il a rêvé tout du long.
Cher lecteur,
Ici point d'argumentation raisonné, ni d'axe d'analyse sérieuse et
précise. Place au cœur, place aux sensations. Je vais te parler de ce
qui semble pour moi l'un des meilleurs albums de tous les temps -ou du
moins, l'une des plus grandes émotions musicales qu'il m'ait été donné
de vivre jusqu'ici. Avec ...And Out Come The Wolves,
je peux presque te donner le jour, l'heure et le moment où j'ai eu la
chance de poser pour la première fois mes oreilles dessus. Ce qui est
sûr, c'est que ma vie n'est plus la même depuis ce temps là.
C'est avec "Ruby Soho" qu'a commencé mon éducation au son de Rancid.
Et me diras-tu, quoi de mieux que cette chanson, véritable quintessence
de la musique du groupe. Des sonorités aux frontières du reggae, du ska
et du punk le plus acerbe, soutenues par la voix inoubliable qu'est
celle de Tim Amstrong -cassée à souhait, rauque et modulable selon le
tempo- ainsi que par l'arme de destruction massive que représente Matt
Freeman, accompagné de sa basse. Je ne pouvais pas aborder mieux
l'album. Et que dire de ce dernier, dont aucune chanson, pas une seule
minute, pas une seconde n'est du remplissage. Ici, tout est excellent,
le solo de Matt sur "Maxwell Murder", le refrain de "As Wicked",
l'intro de "Time Bomb"... Je te défie, ô lecteur, de trouver un seul
défaut à ...And Out Come The Wolves.
Et pourtant avec près de vingt chansons, on pourrait croire que le
groupe a laissé la facilité s'installer et s'est contenté de proposer
l'intégralité de son répertoire. Mais il n'en est bien évidemment rien.
La force de Rancid
est de louvoyer entre les styles, les tempos, les tonalités, pour
délivrer ce qu'il y a de mieux à chaque fois. Prenons le ska. Que dire,
si ce n'est que "Time Bomb" et "Old Friend" sont des chefs-d'oeuvre du
genre. Quant au punk, pourrait-on affirmer que "Lock, Step & Gone"
aurait fait honte à Joe Strummer ou Wattie Buchan ? Ces chansons
produisent sans exception le même effet à chaque écoute : la sensation
d'un bonheur puissant et communicatif. Même si les textes sont sombres
ou critiques, c'est un soleil qui irradie en mon for intérieur.
"Journey to the End of the East Bay" et "Daly City Train" sont tels des
messages audios qui partent de mes oreilles pour exploser en étincelles
de dopamines tout le long de mon corps.
...And Out Come The Wolves : les loups sont sortis et ont
bouleversé ma vie. On peut dire que cet album marque un tournant pour
moi. Avec toute la subjectivité dont je dispose, je ne peux que
t'engager, cher lecteur, à te ruer sur cet opus d'un groupe excellent
au demeurant, mais qui n'a jamais réussi par la suite à réitérer
l'exploit de délivrer un objet aussi parfait. Pourtant on parle de
punk, pourrais-tu m'objecter, et le punk est-il capable de la
perfection : n'est-ce pas quelque peu antinomique ? Ma réponse est
claire, définitive et sans ambiguïté : non. La musique n'est plus la
même depuis la sortie de cette galette. Et au risque de paraître
dérangé, si cela ne t'a pas effleuré jusque là, je ne crois pas que je
suis capable de la noter. Longtemps j'ai hésité devant la tâche que
représentait mettre des mots, mes mots, sur mes émotions. Pour
Destination Rock, c'est sous la forme d'un 10/10 que sont retranscrits
mes sentiments. Mais au fond de moi, il y a pas de note qui puisse
approcher ce que je ressens.
J'ai essayé de diversifier au maximum les genres sur cette page, mais sachez que je chronique le plus souvent du punk sur le site (le membre Val, avec la crête, c'est moi). Bref, si cela vous a plu, je ne saurai que vous recommander d'aller faire un tour sur Destination Rock ou sur le forum, pour discuter avec d'autres passionnés.